La « belle et grande loi » de Donald Trump va-t-elle ébranler la suprématie du dollar ?

Avec ses giga-dépenses budgétaires Donald Trump va porter la dette de son pays à des niveaux record. Va-t-il aller jusqu’à ébranler le billet vert et miner les fondements de sa suprématie, imposée depuis des décennies par les États-Unis au système monétaire et financier international . In l’humanité du 7 juillet 2025

Le budget XXL qu’a fait ratifier Donald Trump par le Congrès avec ses cadeaux fiscaux aux très riches et aux multinationales, comme avec sa fuite en avant dans un budget militaire à 1 000 milliards de dollars (contre 842 milliards pour la période précédente), va faire battre les records d’endettement aux États-Unis.

Selon toutes les projections, la dette publique qui atteint déjà des sommets himalayesques à plus de 37 000 milliards de dollars devrait grimper de 3 000 à 4 000 milliards supplémentaires sur les prochaines années. De quoi déclencher une crise, voire un krach obligataire à relativement court terme. Les obligations sont en effet ces bons du Trésor avec lesquels se finance l’État fédéral. Mais les épargnants du monde entier menacent aujourd’hui de se détourner de la devise états-unienne qui perd toujours plus de sa réputation de valeur refuge.

Le dollar dispose d’un statut très particulier depuis les débuts des années 1970. Le président républicain d’alors, Richard Nixon, a imposé, avec l’accord des États occidentaux du G 7, qu’il devienne le pivot du système monétaire pour acquérir, de fait, un statut de monnaie commune mondiale. Nixon a conçu ce dispositif pour répondre aux coûts astronomiques de la guerre du Vietnam.

Un niveau d’endettement jamais atteint

Depuis lors, les États-Unis peuvent s’endetter non plus simplement à leurs frais mais en aspirant l’épargne du reste de la planète. « Le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème », a pu lâcher, à juste titre et avec un sens accompli du cynisme, John Bowden Connally, secrétaire au Trésor entre 1971 et 1972.

Washington utilise sa monnaie comme un moyen de domination sur le reste de la planète avec une efficacité au moins équivalente à celle que lui fournissent son immense armada et ses 800 bases militaires réparties sur la planète. Mais le système monétaire international, centré donc sur le billet vert, affiche aujourd’hui ses limites, pris en étau entre les déficits dits jumeaux, budgétaires et commerciaux, des États-Unis et les résistances accrues des pays dits émergents et du Sud global.

L’autoproclamée « grande et belle loi » de Trump, qui va aggraver son endettement comme jamais, pousse le pays et la finance mondiale toujours plus près du gouffre. La Chine et le Japon, qui figurent encore parmi les plus gros détenteurs de bons du Trésor, ont commencé à se désengager. Pékin le fait prudemment. Car il ne veut pas prendre le risque d’un effondrement financier mondial chaotique. 

Il exige avec les Brics, réunis précisément en sommet ces 6 et 7 juillet au Brésil, l’émergence d’un ordre financier et monétaire international nouveau, plus juste et multilatéral. Ce qui suppose de trouver une alternative au roi dollar, devenu un obstacle majeur au financement du développement et aux gigantesques efforts d’investissement requis pour une humanité en butte aux dérèglements climatiques.

Donald Trump n’a guère apprécié. Selon son mode imperator habituel, il a aussitôt brandi son arme fétiche des droits de douane. Il a menacé de relever ceux-ci de 10 % pour tout pays qui serait par trop ouvert aux exigences de libération du système monétaire international formulées par les Brics.

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