Andrew Cuomo a falsifié la comptabilité des victimes de la pandémie au profit de l’industrie des établissements médicalisés et autres maisons de retraite qui sont l’un de ses principaux sponsors politiques.
Le scandale ne cesse de gonfler à New York. Le gouverneur de l’Etat, le démocrate Andrew Cuomo, a usé des pouvoirs que lui conférait l’état d’urgence, décrété sur place en mars dernier, au bénéfice des maisons de retraite et autres établissements médicalisés du grand New York (GNYHA). Cette industrie qui constitue l’un des secteurs les plus lucratifs du pays, figure aussi parmi ses principaux sponsors politiques.
En vertu d’un mode de fonctionnement institutionnalisé de la vie politique qui banalise les financements privés – entendez une permission de corrompre pour les business les mieux dotés – ce GNYHA a versé au profit du seul Cuomo quelques 2 millions de dollars, en plus des 450.000 destinés à arroser les législateurs de l’Etat en 2020. Soit un chiffre en augmentation substantielle par rapport aux années précédentes.
Cuomo a usé de ses pouvoirs exécutifs d’urgence» pour adopter en avril 2020 une législation sur mesure garantissant l’immunité aux staffs des établissements de retraites médicalisés. Et il a durant la même période diminué de moitié ( soit près de 5000 décès) le nombre de victimes du covid 19 rapporté officiellement par l’Etat new yorkais dans ces établissements.
Une procédure a été engagée par la procureure de New York, Letitia James qui souligne, selon un joli euphémisme, que la loi d’immunité « pourrait avoir été utilisée pour soustraire des individus ou des entités à leurs responsabilités. » Et elle dénonce le décompte falsifié des morts du covid.
L’une des membres du cabinet de Cuomo, Melissa DiRosa, a reconnu la manipulation tout en tentant d’invoquer qu’elle aurait été « rendue nécessaire » par l’instrumentalisation redoutée qu’aurait alors pu faire… l’administration Trump de ce niveau trop élevé de décès au sein d’un Etat new yorkais qui cultivait alors une posture de contre-pouvoir.
Le scandale grimpe en même temps que s’amplifie les divergences entre les jeunes élus démocrates de gauche qui ont surgi dans les derniers scrutins, et la majorité réputée «centriste» de la direction locale du parti de l’éléphant. Des voix comme celle de la sénatrice de l’Etat, Julia Salazar, s’élèvent pour réclamer la démission de Cuomo « un danger pour l’Etat et la démocratie.» Elle qui vota contre la loi garantissant l’immunité à la « care industry » ( l’industrie du soin) fait remarquer qu’elle s’était fortement opposée aux politiques d’austérité du gouverneur qui s’était également distingué l’an dernier en réduisant les dotations d’Etat à medicaid ( l’aide médicale aux plus démunis).
L’affaire jette un froid sur les ambitions présidentielles de Cuomo qui a réagi très brutalement en menaçant ouvertement de représailles Ron Kim, l’un des élus démocrates, à l’origine des révélations. Célébré par une partie des media qui avaient fait de lui une sorte de héros de l’establishment new yorkais capable de résister à l’administration et à sa calamiteuse gestion de la pandémie, Cuomo avait soigné son image de présidentiable en publiant un livre, ‘American Crisis: Leadership Lessons from the COVID-19 Pandemic’ ( crise américaine : leçon de leadership de la pandémie de covid 19) tout à la gloire de son art de gouverner. Et il ne faisait pas mystère de se positionner en idéal successeur de Biden dans 4 ans.
Pour en savoir plus sur les malversations du personnage, le plus souvent ignorées par une presse européenn très « bidenôlatre », on pourra lire l’enquête très détaillée du journaliste d’investigation David Sirota, parue dans le Guardian (1)
Bruno Odent