Derrière les chiffres record de l’immigration outre-Rhin

L’afflux de demandeurs d’asile pointé par les dernières statistiques de Berlin s’accompagne d’une flambée des violence racistes. En contradiction avec les besoins en « forces vives » que fait surgir la crise démographique.

L’Allemagne est confrontée à un afflux inédit d’immigrés. Le ministre de l’Intérieur, Lothar de Maizière, a annoncé mercredi 19 août que ses services devraient recevoir quelque 800 000 demandes d’asile cette année, soit quatre fois plus que l’an dernier où leur nombre constituait déjà un record. Le pays est devenu, de loin, la première destination des migrants en Europe. La chancelière Angela Merkel s’inquiète. Elle estime que la question pourrait bien devenir le thème politique numéro un des semaines qui viennent et singulièrement de la prochaine élection du Bundestag en 2017. D’où ses appels à «un meilleur partage du fardeau» au sein de l’UE.

Vers le tri sélectif

Berlin a assoupli néanmoins son approche. Dans un pays confronté à une grave crise démographique, ses dirigeants s’appliquent, jusqu’au sein du parti chrétien-démocrate de la chancelière, à se dégager d’une approche jadis très réfractaire à l’immigration. Quand la population jeune se contracte au point que de nombreuses entreprises peinent à trouver de la main-d’œuvre autochtone pour renouveler ou élargir leurs effectifs, le besoin d’ouvrir les portes en effet s’accentue. Pour y répondre le concept d’«immigration choisie» – entendez bienvenue car possédant le niveau de compétences requis aux yeux du patronat local – est de plus en plus fortement avancé dans le débat public par les deux partis de la grande coalition (CDU et SPD). Le président du groupe SPD au Bundestag, Thomas Oppermann, vient ainsi d’appeler de ses vœux «une loi sur l’immigration» qui puisse «présenter pour les migrants qualifiés une alternative au dépôt d’une demande d’asile».

Comment organiser ce tri sélectif aujourd’hui quand les dizaines de milliers de migrants, venant de Syrie mais aussi et surtout du Kosovo, d’Albanie ou des Balkans, sont obligés de transiter des mois durant par d’inconfortables structures ? Un véritable effort a certes été entrepris pour rendre ces foyers de demandeurs d’asile plus accueillants. Il reste, terrible contradiction, que leurs locataires sont victimes d’attaques toujours plus fréquentes. Selon les chiffres officiels, on comptait au 30 juin dernier pas moins de 173 agressions sur ou à proximité de ces sites par des sbires d’une extrême droite, dopée par les mobilisations du mouvement Pegida (Patriotes européens contre l’islamisation de l’occident) et les succès électoraux de l’AfD (l’Alternative pour l’Allemagne). Explosif, quand ce racisme se sent «légitimé» par les postures démagogiques de certains élus conservateurs. Et même par le jeu populiste antigrec dont vient de faire preuve le gouvernement dans son affrontement avec Athènes.

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