Après le soulagement de l’élection du candidat Vert, Alexander Van der Bellen, à la présidence de la république, nombreux sont les démocrates autrichiens qui alertent sur la nécessité de ne plus poursuivre les démontages sociaux et la banalisation du FPÖ, à l’origine du niveau record atteint par l’extrême droite.
Si tous les démocrates autrichiens affichaient leur soulagement au lendemain de la victoire du Vert Alexander Van der Bellen à la présidentielle, beaucoup d’entre eux, et singulièrement ceux qui sont engagés à gauche ou au sein du mouvement social, ont prévenu aussitôt qu’il fallait désormais s’attaquer aux « véritables causes de la gangrène nationaliste pangermanique ». « Sous peine de réveils cauchemardesques, lors des prochaines échéances », relève Thomas Hübner, syndicaliste membre de la chambre des travailleurs (Arbeiterkammer) à Vienne. En dépit de son échec, le FPÖ a atteint en effet un niveau record. Pour les législatives prévues en 2018, tous les sondages le placent aujourd’hui largement en tête de tous les partis, à plus de 35 % des suffrages. Ce qui met son leader, Heinz Christian Strache, en pole position pour le poste de chancelier.
Le danger est d’autant plus fort que les dirigeants socio-démocrates et conservateurs, réunis au gouvernement dans une grande coalition, ne se sont pas vraiment impliqués dans la campagne pour faire barrage à l’extrême droite, occupés qu’ils étaient « à donner des gages à leurs ailes droite respectives ou même à préparer le terrain de futures alliances avec le FPÖ », déplore Mirko Messner, dirigeant du Parti communiste autrichien (KPÖ). Les appels du pied se sont multipliés en ce sens. Jusqu’à celui très remarqué du chancelier social-démocrate, Christian Kern, qui a rencontré, quelques jours avant le scrutin, le chef du FPÖ pour lui assurer qu’il ne mettrait pas d’obstacle à une telle alliance, expérimentée déjà au niveau régional dans le Burgenland, mais encore taboue au plan national.
« Attention danger », préviennent les démocrates autrichiens : la poursuite de la banalisation du FPÖ et des politiques ordo-libérales constitue « un cocktail empoisonné pour la démocratie, l’Autriche et l’Europe ».