Berlin a déposé un projet de loi instaurant un salaire minimum à l’horizon 2017.
Le gouvernement de grande coalition allemand a lancé, hier, un projet de loi destiné à instaurer un salaire minimum horaire national de 8,50 euros brut de l’heure (9,53 euros pour le Smic français actuel). Si la grande majorité de la population, excédée par la pratique institutionnalisée du dumping social, plébiscite la démarche, ce qui est généralement présenté comme le projet social phare du cabinet Merkel III paraît encore loin de satisfaire les attentes exprimées. D’abord parce que l’entrée en vigueur du dispositif sera très laborieuse. Après la mise en application de la loi début 2015, les entreprises des secteurs qui disposeront toujours de minima salariaux inférieurs à ce futur Smic seront exemptées de la nouvelle légalité salariale (au moins 15 branches professionnelles sont concernées). Les clauses d’exemption ne seront levées que début 2017. De plus, le montant horaire de 8,50 euros doit être gelé jusqu’en janvier 2018.
Et avant même d’exister à cet horizon, le salaire minimum est déjà mité puisque les jeunes de moins de dix-huit ans et les chômeurs de longue durée (plus d’un an sans emploi) n’en bénéficieront pas pendant six mois après leur sortie du chômage. Au grand dam de syndicats qui dénoncent un moyen de perpétuer le dumping salarial avec les personnes les plus fragilisées. Enfin avant d’être ratifiée par le Parlement à l’automne, la loi pourrait être amendée de nouvelles exemptions. Certains élus, sensibles aux lobbies patronaux, se proposent ainsi de porter à vingt-trois ans la limite d’âge ouvrant droit au salaire minimum…