La BCE imperturbable, mais…

En dépit du risque de déflation, la Banque centrale européenne a décidé de laisser inchangé son principal taux à 0,25?%. Mario Draghi n’exclut pas, cependant, une baisse ou même l’emploi de mesures hors normes à l’avenir.

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé, hier, le maintien de son principal taux directeur à 0,25%, ignorant la montée confirmée des risques de déflation. Soit un engrenage infernal de baisse des prix à la consommation, suivie d’une chute des investissements, et donc de l’emploi et des revenus salariaux, entraînant à son tour un recul des prix. La situation est pourtant critique. Eurostat, l’office statistique européen, indiquait, mardi, que l’inflation ne s’établissait plus qu’à 0,5?% en mars dans la zone euro (contre 0,7% en février). C’est-à-dire un accès de faiblesse jamais plus mesuré depuis 2009, où l’activité était touchée de plein fouet par le krach de l’année précédente.

Mario Draghi, le président de la BCE, a justifié cette posture intangible en indiquant que les prévisions d’inflation restaient «ancrées à moyen terme», selon celles de la Banque centrale pour la zone euro, «à 1% cette année, puis à 1,3% en 2015 et à 1,5% en 2016». Signe cependant que la dégradation enregistrée ces dernières semaines est vraiment sensible, il a insisté aussitôt sur un recours possible, à l’avenir, à «un nouvel assouplissement» de la politique monétaire pour maintenir la stabilité des prix. Il invoque une nouvelle baisse du principal taux directeur sous 0,25?%, qui constitue pourtant déjà un plus bas niveau historique. Et il n’exclut pas l’usage d’outils «non conventionnels» comme un potentiel recours à un «assouplissement quantitatif». C’est-à-dire des achats de bons du Trésor en faisant fonctionner la planche à billets. Cette mesure à laquelle la réserve fédérale des États-Unis et la Banque du Japon ont largement fait appel, ces dernières années, permet de stimuler le crédit en échappant à l’étau des marchés financiers. En d’autres termes, l’exacerbation de la crise conduit les dirigeants de la BCE à envisager, pour la première fois, de briser un tabou en envisageant de recourir à un financement direct des États par la BCE, théoriquement interdit par les textes des traités.

La démarche n’en conduit pas moins Mario Draghi à montrer la même inflexibilité sur le maintien des «règles convenues» en matière de déficit public. Alors même que l’ouragan de la déflation a déjà touché terre dans le sud de l’Europe, là où précisément les politiques austéritaires ont été mises en œuvre avec la plus grande brutalité.

Il n’empêche: l’immobilisme mal assuré de Mario Draghi a de quoi conforter les arguments de tous ceux qui plaident en Europe pour un changement vraiment radical de la politique de la BCE.

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