L’Alternative pour l’Allemagne patauge dans le marigot brun

En dépit des efforts de ses dirigeants pour donner à leur parti un brevet de respectabilité la formation anti-euro chasse sur les terres xénophobes de l’extrême droite la plus conventionnelle.

L’extrême droite allemande pourrait faire sensation outre Rhin à l’occasion du scrutin du 25 mai en raflant entre 5 et 7 sièges de députés européens. L’Alternative pour l’Allemagne (AfD) lancée, il y a tout juste un an par d’anciens membres de l’aile droite du parti chrétien démocrate, avait déjà créé la surprise, en ne ratant son entrée au Bundestag (4,7%) en septembre dernier que de quelques milliers de voix.

La sortie de l’euro reste le premier et le principal étendard du parti. Cette revendication est portée au sein de la classe dirigeante par les milieux les plus conservateurs qui considèrent la monnaie unique comme une entrave à l’expansion de l’économie germanique.

Chef de file du parti, l’économiste Bernd Lucke, comme l’ex patron des patrons  allemands, Hans Olaf Henkel – numéro deux sur la liste de l’AfD aux européennes – déploient beaucoup d’efforts pour banaliser le profil de leur formation. Ils clament bien haut et fort qu’ils refusent un système européen qui conduirait « le contribuable allemand à payer pour la dette grecque, portugaise ou espagnole ». Mais qu’on ne vienne surtout pas les mettre sur le même plan qu’une extrême droite n’hésitant à se référer au néonazisme comme le parti nationaliste (NPD), l’union populaire (DVU) ou les Republikaner.

Pourtant le tropisme est bien là. Et la position anti-euro n’y est pas franchement étrangère. Elle qui fleure son pesant de nationalisme et de mépris contre les métèques du sud de l’Europe, ouvre la porte à des dérives plus ouvertement xénophobes. Lucke et Henkel n’y résistent d’ailleurs pas eux-même. Le premier quand il affirme que les migrants constituent une « sorte de lie qui s’incruste pour toute une vie dans nos systèmes sociaux». Le second quand il place la Turquie dans son collimateur, dénonçant l’absence de liberté qui y règne «comme dans tous les pays musulmans.»

Les militants, eux, ne s’embarrassent d’aucune précaution pour développer un argumentaire raciste. Comme au congrès, destiné à lancer la campagne des européennes de l’AfD en mars dernier. « Les autres partis sont favorables à l’immigration uniquement parce qu’ils veulent que les allemands se dissolvent dans une grande bouillie européenne,» a lancé ainsi le chef de file de l’AfD de Basse Saxe, Armin Paul Hampel. A Leipzig des membres du parti mobilisés dans un quartier contre la construction d’une mosquée ont jeté sur le chantier du bâtiment des pics ornés de têtes de cochon.

L’organisation de jeunesse de l’AfD vient de lancer une campagne alimentée des clichés anti-féministes, anti-homosexuels, anti-mariage gay les plus éculés, en des termes que ne pourrait les réactionnaires les plus ultra. D’où d’ailleurs une vague d’entrisme d’ex militants néonazis. Tout à sa stratégie de banalisation, Bernd Lucke cherche bien à la contenir. Mais une chronique régulière dévoilant, dans la presse allemande, ces passages de personnels bruns vers l’AfD illustre la perméabilité des frontières avec la «vieille» extrême-droite.

 

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