Grèce: quand Berlin manie ouvertement le chantage

Angela Merkel laisse «fuiter» qu’elle serait prête à mettre Athènes à la porte de la zone euro si les Grecs votaient « mal ».

À moins de trois semaines des élections législatives anticipées, les pressions s’accentuent sur les électeurs grecs. C’est d’Allemagne qu’elles se sont fait sentir le plus fort ce week-end. Selon des informations obtenues par l’hebdomadaire Der Spiegel, la chancelière Angela Merkel laisse entendre que Berlin pourrait montrer la porte de la sortie de la zone euro à Athènes en cas de victoire de Syriza et ­d’engagement des nouvelles autorités grecques dans une politique anti-austéritaire. Le journal invoque des sources «proches du gouvernement» et souligne que la chancelière et son ministre des ­Finances, ­Wolfgang Schäuble, jusqu’alors hostiles à cette sortie grecque de l’euro ou «grexit», selon le terme consacré, n’hésiteraient plus à franchir le pas au cas où…

Ce «grexit» serait désormais jugé supportable, «en raison des progrès accomplis par la zone euro depuis le sommet de la crise en 2012». Si un porte-parole du gouvernement allemand s’est dit hier convaincu que la Grèce continuerait à «remplir ses obligations contractuelles envers la troïka», il s’est gardé de démentir les allégations du Spiegel, refusant simplement de les commenter.

Quoi qu’il en soit des intentions de Berlin, ces «fuites» viennent à point nommé alimenter la crainte du «chaos» sur laquelle le premier ministre grec sortant, Antonis Samaras (Nouvelle démocratie), s’appuie pour sauver les meubles de son gouvernement de coalition, associant droite et socialistes du Pasok dont le bilan, avec l’explosion des souffrances sociales, est parfaitement exécrable. Le chantage de l’exécutif germanique remplit d’aise l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), l’extrême droite anti-euro, son leader, Bernd Lucke, saluant aussitôt «une prise de conscience tardive» du pouvoir. Le nationalisme, en pleine ascension outre-Rhin comme 
dans de nombreux États membres, tire ainsi le plus grand profit de la débâcle du «modèle austéritaire».

L’orthodoxie ­monétariste empoisonne la zone euro au point de la rapprocher toujours plus du spectre de la déflation (chute des prix et des salaires). Ce qui pousse le président de la BCE, Mario Draghi, à ne plus faire mystère d’un recours à des mesures «non conventionnelles», comme celle d’un plan d’achats directs de titres de dette publique par l’institut d’émission, pour tenter de stimuler une zone euro en panne.

Alexis Tsipras, le dirigeant de ­Syriza, pointait ce week-end qu’il faudrait agir vite dans ce sens, contre la rigidité de Berlin et de la troïka. Et pour revendiquer qu’Athènes puisse très vite user d’un tel mécanisme, seul moyen de faire face à la «crise humanitaire» qui affecte le pays.

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