Si la chancelière a obtenu, sans surprise, le feu vert du congrès de la CDU à un gouvernement Merkel IV, elle a du donner des gages à une aile droite qui gagne en influence.
Les délégués du congrès extraordinaire de la CDU ont validé lundi 26 février le contrat d’un nouveau gouvernement de grande coalition. Il ne reste ainsi plus qu’un ultime obstacle à l’intronisation d’un gouvernement Merkel IV, le vote des adhérents du SPD, prévu d’ici dimanche 3 mars. Si la décision n’a pas surpris, l’âpreté des débats internes et les « arrangements » auxquels a dû se résoudre la chancelière révèlent combien son parti est ébranlé par la crise politique postérieure aux législatives du 24 septembre.
Angela Merkel a vu les critiques de son aile droite se renforcer après le compromis gouvernemental passé avec les dirigeants du SPD. Ceux qui lui reprochent déjà sa politique migratoire « trop laxiste » se sont retrouvés pour dénoncer des concessions insupportables au SPD, comme le ministère des Finances, voire pour mettre en cause une politique trop recentrée, « social-démocratisée ».
Pour juguler la fronde, la cheffe de la CDU a dû offrir des postes à ses détracteurs internes. Jens Spahn, le plus ambitieux d’entre eux, devrait se voir ainsi propulser au ministère de la Santé. Merkel a déclaré que, si elle ne partageait pas sa ligne, il s’agissait là d’un moyen d’intégrer des « sensibilités plurielles ». Spahn (37 ans) n’hésite pas à afficher sa proximité idéologique et générationnelle avec le jeune chancelier autrichien Sebastian Kurz, qui gouverne avec l’extrême droite.
Merkel a placé également sur orbite Annegret Kramp-Karrenbauer, qui devient la nouvelle secrétaire générale du parti. L’ex-ministre-présidente de la Sarre, qui fait figure de dauphine de la chancelière, affiche un profil « pragmatique ». Mais elle revendique aussi des positions réactionnaires sur le droit à l’avortement ou le mariage pour tous. De quoi rassurer les « frondeurs » du parti au prix de l’orchestration d’un vrai virage à droite de la CDU.