Pointe avancée de la financiarisation de l’ex système rhénan, la Deutsche Bank a annoncé dimanche 7 juillet la suppression de 18.000 emplois.
Le conseil de surveillance de la Deutsche Bank a dévoilé dimanche 7 juillet 2019 un vaste plan de restructuration qui prévoit quelque 18 000 suppressions d’emplois dans le monde, soit prés d’un poste sur cinq, et la création d’une « bad bank », un établissement dépotoir destiné à stocker les titres spéculatifs et dépréciés qu’elle possède hors du périmètre de l’établissement.
Selon le PDG, Christian Sewing, la « bad bank » devrait abriter jusqu’à 80 milliards d’euros d’actifs dits « risqués ». Y seront transférés les tombereaux de titres toxiques accumulés à la faveur d’une financiarisation opérée depuis 2001, après que l’ex-chancelier Schröder a mis en œuvre un « big bang » du secteur, destiné à lui faire gagner vite le grand large anglo-saxon de la finance mondiale.
Résultat : la banque, gavée aux États-Unis aux fameux titres « subprimes », a été frappée de plein fouet par le krach de 2007-2008. De plus elle a participé , avec des « collègues » européens, à la manipulation des taux d’intérêt du Libor (taux bancaire de référence dans l’UE). Promotrice d’une certaine idée du « capitalisme vert », elle a coorganisé une fraude massive du fisc sur des titres, permettant d’échanger sur le marché des droits à émettre du CO2. Elle est aussi championne de l’émission de ces produits ultraspéculatifs que sont les CDO (Collateralized Debt Obligation). Et elle est mêlée à une kyrielle de scandales de blanchiment d’argent.
Le géant constituait, jusqu’au début des années 1990, le centre névralgique de feu le modèle dit de banque industrie, dont la particularité toute rhénane était de permettre, via des participations croisées, un financement à moindre coût capitalistique des entreprises industrielles. Il tente aujourd’hui de survivre en se démettant de sa branche de la banque dite d’investissement, si choyée il y a peu de temps encore.